Adénomyose utérine : classification, diagnostic, symptômes et traitement
Table des matières
L’adénomyose est une affection bénigne de l’utérus historiquement diagnostiquée sur la base d’un examen histologique après hystérectomie (ablation de l’utérus). Cet examen permet de visualiser les glandes endométriales ectopiques et le stroma à une profondeur minimale de 2,5 mm au-dessous de la jonction endomètre-myomètre avec un myomètre hypertrophique et hyperplasique. La visualisation de cette affection est également réalisée par des techniques telles que l’échographie ou l’IRM.
La prévalence de l’adénomyose varie de 5 à 70 %. Avant l’âge de 40 ans, la maladie touche 2 femmes sur 10, tandis qu’entre 40 et 50 ans, son incidence augmente jusqu’à 8 femmes sur 10. Cependant, l’incidence de l’adénomyose est difficile à établir en raison de l’absence d’une définition uniforme et de critères diagnostiques basés sur des techniques de diagnostic non invasives. Il n’existe pas de signes cliniques pathognomoniques de l’adénomyose ni de critères laparoscopiques pouvant être utilisés pour diagnostiquer cette maladie.
L’adénomyose peut être accompagnée d’autres pathologies bénignes œstrogéno-dépendantes telles que l’emndoétriose (70 %), le fibrome utérin (50 %) et l’hyperplasie endométriale (35 %).
La pathogénie n’est toujours pas bien comprise. Cependant, plusieurs théories ont été avancées :
- Microtraumatisme spontané ou induit au niveau de la jonction endomètre-myomètre ;
- Invasion pathologique accrue de l’endomètre dans le myomètre ;
- Métaplasie des cellules souches dans le myomètre ;
- Infiltration des cellules endométriales dans la paroi utérine du côté de la tunique séreuse par des flux menstruels rétrogrades ;
- Induction de lésions adénomyosiques par la production locale aberrante des hormones stéroïdiennes et hypophysaires ;
- Développement anormal de l’utérus en réponse à des modifications génétiques et épigénétiques ;
- Une nouvelle direction de recherche est l’expression de l’ARN messager (ARNm) et de longs ARN non codants (lncRNAs) dans les foyers d’adénomyose.
Classification de l’adénomyose utérine
Malgré les tentatives de classer l’adénomyose en sous-types en fonction des résultats de l’examen histologique et des techniques d’imagerie, aucun des systèmes proposés n’a été adopté dans la pratique. Selon la classification la plus simple, on distingue l’adénomyose diffuse et focale, en fonction de sa répartition dans le myomètre.
L’adénomyose diffuse est caractérisée par la présence de multiples foyers dans le myomètre (<25 % de la surface de la lésion est entourée de myomètre normal), tandis que l’adénomyose focale se présente sous forme de nodules isolés de myomètre hypertrophique et d’endomètre ectopique.
La pathogénie de l’adénomyose étant incertaine, la relation entre le degré de la maladie et les manifestations cliniques n’est toujours pas claire, ce qui rend difficile l’élaboration d’un traitement standardisé.
Dans les publications russes, on utilise une classification basée sur la profondeur de la lésion :
- 1 – la zone affectée se trouve au sein de la couche sous-muqueuse ;
- 2 – le processus pathologique affecte moins de la moitié de l’épaisseur du myomètre ;
- 3 – toute la tunique musculaire de l’utérus est impliquée ;
- 4 – la lésion s’étend au-delà de l’utérus.
Modèles 3D de l’adénomyose utérine :
Selon la classification de Bird et al., les lésions adénomyosiques sont classées en fonction de la profondeur d’infiltration, définie par la couche affectée de l’utérus, et du degré d’invasion, mesuré par le nombre de glandes endométriales observées dans le champ du microscope de faible puissance.
Le premier grade correspond à l’adénomyose sous-basale/sous-endométriale (adénomyose dans les limites du champ visuel sous l’endomètre « basal », mais sans infiltration plus profonde).
Le deuxième grade se traduit par l’étendue de l’adénomyose jusqu’au milieu du myomètre, et le troisième grade est caractérisé par l’envahissement de plus de la moitié de l’épaisseur du myomètre.
Les auteurs ont également démontré une corrélation directe entre la gravité de la dysménorrhée et la profondeur de la lésion, de sorte que 4,3 % des femmes atteintes d’adénomyose de grade I ont signalé une dysménorrhée, contre 42,4 % pour le grade II et 83,3 % pour le grade III.
Une autre caractéristique histopathologique qui a été décrite chez les personnes atteintes d’adénomyose profonde est le dépôt d’hémosidérine qui entoure les lésions adénomyosiques. Ce fait s’explique par un saignement provenant de foyers endométriaux ectopiques et suggère que le dépôt d’hémosidérine peut refléter l’étendue et la sévérité de l’adénomyose. Cependant, la signification de cette découverte n’est pas claire.
Levgur et al. ont décrit la profondeur de l’adénomyose sous forme de pourcentage de la lésion par rapport à l’épaisseur du myomètre :
- superficielle : inférieure à 40 % de l’épaisseur du myomètre ;
- intermédiaire : de 40 à 80 % de l’épaisseur ;
- profonde : supérieure à 80 % de l’épaisseur.
Les auteurs ont également signalé la présence de dysménorrhée chez 77,8 % des patientes présentant des lésions profondes, contre 12,5 % présentant des lésions intermédiaires. Les lésions myométriales superficielles n’étaient pas associées à la dysménorrhée ou à la ménorragie.
Hulka et al. ont introduit une nouvelle catégorie d’adénomyose focale : ils ont inventé le terme « adénomyome », en plus des classifications précédentes. Rasmussen et al. ont proposé une classification histologique basée sur des biopsies de la jonction endomètre-myomètre réalisées par résection transcervicale de l’endomètre (RTCE). Pour effectuer cet examen, une biopsie est prélevée sur ≥ 5 mm de profondeur du myomètre.
L’adénomyose interne se caractérise par une invasion myométriale de ≥ 2 mm sans contact avec l’endomètre basal.
La zone jonctionnelle dentelée représente une invasion myométriale de > 3 mm en contact avec l’endomètre basal.
La zone jonctionnelle linéaire correspond soit à l’absence d’invasion, soit à une invasion myométriale de ≤ 3 mm en contact avec l’endomètre basal.
Classification de l’adénomyose utérine
Critère de classification | Types/Degrés d’adénomyose | Caractéristique |
---|---|---|
Selon la répartition dans le myomètre | Adénomyose diffuse | Multiples foyers dans le myomètre (< 25 % de la surface entourée de myomètre normal) |
Adénomyose focale (adénomyome) | Nœuds isolés de myomètre hypertrophique et d’endomètre ectopique | |
Selon la profondeur de la lésion (classification russe) | 1er degré | Lésion de la couche sous-muqueuse |
2e degré | Lésion de < 50 % de l’épaisseur du myomètre | |
3e degré | Lésion totale de la tunique musculaire de l’utérus | |
4e degré | Propagation au-delà de l’utérus | |
Classification de Bird | Grade I (adénomyose sous-basale) | Foyers à proximité de l’endomètre basal sans infiltration profonde |
Grade II (jusqu’au milieu du myomètre) | Infiltration jusqu’au milieu de la tunique musculaire | |
Grade III (adénomyose profonde) | Lésion de > 50 % de l’épaisseur du myomètre | |
Selon la profondeur de la lésion (Levgur et al.) | Superficielle (< 40% de l’épaisseur du myomètre) | Non associée à une dysménorrhée |
Intermédiaire (40–80 %) | Symptômes modérés | |
Profonde (> 80 %) | Dysménorrhée sévère (77,8 % des cas) | |
Classification histologique (Rasmussen) | Adénomyose interne | Invasion ≥ 2 mm sans contact avec l’endomètre basal |
Zone jonctionnelle dentelée | Invasion > 3 mm en contact avec l’endomètre basal | |
Zone jonctionnelle linéaire | Lésion ≤ 3 mm ou absence d’invasion | |
Critères supplémentaires | Présence d’hémosidérine | Marqueur de gravité, mais signification clinique incertaine |
Diagnostic de l’adénomyose utérine
Pour le diagnostic clinique, on utilise les critères proposés par le groupe MUSA (Morphological Uterus Sonographic Assessment) sur la base des résultats de l’échographie endovaginale. Bien que le groupe MUSA ait fourni des lignes directrices uniformes pour la détection et l’identification des signes de lésions adénomyosiques, il ne s’agit pas d’une classification pertinente de l’adénomyose : l’échographie étant une méthode d’évaluation subjective, la normalisation et la création d’une classification présentent des difficultés.
Selon la classification MUSA, tous les signes d’adénomyose peuvent être divisés en signes directs et indirects. Les signes directs indiquent la présence de tissu endométrial ectopique dans le myomètre. Les signes indirects sont secondaires à la présence de tissu endométrial dans le myomètre ; il s’agit par exemple de l’hypertrophie musculaire (utérus globulaire) ou des artefacts (tels que l’ombrage).
Signes directs d’adénomyose
- Kystes myométriaux
Selon la classification MUSA, les kystes myométriaux sont définis comme des masses arrondies dans le myomètre. Le contenu des kystes peut être anéchogène, faiblement échogène, avoir un aspect en verre dépoli ou présenter une échogénicité mixte. Parfois, les kystes sont entourés d’un liseré hyperéchogène. La taille des kystes myométriaux n’a pas de valeur minimale ou maximale, et le liseré hyperéchogène n’est pas un signe obligatoire. Les experts recommandent d’utiliser l’échographie Doppler couleur pour identifier les vaisseaux sanguins, ce qui facilite le diagnostic différentiel des kystes myométriaux.
- Îlots hyperéchogènes
Les îlots hyperéchogènes sont décrits comme des zones hyperéchogènes dans le myomètre, pouvant être régulières, irrégulières ou mal définies. Cependant, les îlots hyperéchogènes ne doivent avoir aucun lien avec l’endomètre. La distance minimale par rapport à l’endomètre n’est pas précisément définie, car elle peut varier de façon individuelle. Le diamètre minimal et le nombre d’îlots hyperéchogènes ne sont pas non plus définis.
- Lignes et bourgeons sous-endométriaux échogènes
Les experts notent que l’évaluation de ces signes est compliquée par le manque d’images échographiques en 3D, la difficulté à identifier la limite entre l’endomètre et le myomètre, ainsi que par une zone jonctionnelle invisible. La définition de cette caractéristique dans la déclaration de consensus du groupe MUSA est la suivante : « Des lignes ou des bourgeons sous-endométriaux hyperéchogènes perturbant la zone jonctionnelle peuvent être observés. Les lignes sous-endométriales hyperéchogènes sont (presque) perpendiculaires à la cavité endométriale et sont en jonction avec l’endomètre. Cependant, les experts constatent que toute forme d’invasion du tissu endométrial dans le myomètre peut constituer un signe d’adénomyose, même si elle n’a pas l’aspect de lignes ou de bourgeons. »
Signes indirects de l’adénomyose
- Utérus globulaire
Un utérus globulaire est diagnostiqué lorsque la tunique séreuse diverge du col utérin dans au moins deux directions (antérieure, postérieure ou latérale), au lieu de suivre une trajectoire parallèle à l’endomètre, et que les diamètres mesurés (longueur, largeur et profondeur) de l’utérus sont approximativement égaux, lui donnant une forme sphérique typique. Selon l’opinion unanime des experts, ce signe peut être faussement positif en présence d’un fibrome utérin ou d’une anomalie intracavitaire.
- Épaississement asymétrique du myomètre
Le rapport entre l’épaisseur des parois antérieure et postérieure est calculé. Un rapport proche de 1 indique que les parois myométriales sont symétriques, tandis qu’un rapport supérieur ou inférieur à 1 témoigne d’une asymétrie, bien que cette évaluation soit subjective. Un autre signe indirect est une différence d’épaisseur des parois endométriales supérieure à 5 mm. Rappelons que l’asymétrie utérine peut être associée à des contractions temporaires de l’utérus ou à la présence d’un fibrome utérin.
- Ombrage en éventail
Cet ombrage est caractérisé par la présence de stries linéaires hyperéchogènes, parfois alternant avec des stries linéaires hypoéchogènes. Les ombres en éventail sont mieux évaluées en niveaux de gris. Des problèmes diagnostiques peuvent être causés par d’autres lésions qui provoquent des ombres, telles que le fibrome utérin ou la fibrose de la cicatrice de césarienne.
- Vascularisation pénétrante
La vascularisation pénétrante se caractérise par la présence de vaisseaux sanguins perpendiculaires à la cavité utérine/séreuse traversant la lésion. Une telle vascularisation est susceptible d’être présente en cas d’adénomyose diffuse. Cependant, une vascularisation circonférentielle, généralement observée autour des fibromes, peut également se produire en présence d’adénomyose. En cas de fibrome, les vaisseaux peuvent être visualisés à l’intérieur de la masse, tandis que la vascularisation pénétrante, c’est-à-dire les vaisseaux qui traversent la lésion, n’est pas caractéristique du fibrome. Cette particularité permet de distinguer l’adénomyose du fibrome utérin.
- Zone jonctionnelle irrégulière
La définition de ce critère pose plusieurs problèmes. Premièrement, il est difficile d’évaluer la zone jonctionnelle sans imagerie 3D. Selon MUSA, la zone jonctionnelle peut être irrégulière en raison de zones kystiques, de points hyperéchogènes ou de lignes hyperéchogènes. L’ampleur de l’irrégularité de la zone jonctionnelle est exprimée par la différence entre l’épaisseur maximale et minimale de la zone jonctionnelle. Deuxièmement, le degré d’irrégularité est défini comme une évaluation subjective du pourcentage de la zone jonctionnelle qui est irrégulière (< 50 % ou ≥ 50 %). Cependant, la zone jonctionnelle devrait être évaluée par échographie 3D dans les plans sagittal, transversal et coronal, et la détermination de l’épaisseur de la zone jonctionnelle n’est pas un critère diagnostique obligatoire.
- Zone jonctionnelle interrompue
Il s’agit d’une interruption de la zone jonctionnelle lorsqu’un segment de la zone jonctionnelle ne peut être visualisé ni en échographie 2D ni en échographie 3D dans aucun plan. Une zone jonctionnelle continue est, quant à elle, clairement visible dans tous les plans en échographie 2D ou 3D.
Imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne
Selon l’analyse groupée des études, l’IRM possède une sensibilité d’environ 78 % et une spécificité de 93 % pour le diagnostic de l’adénomyose. Bien que l’échographie endovaginale soit rapportée comme ayant une sensibilité et une spécificité similaires, les résultats de l’échographie sont trop hétérogènes pour être combinés. Les systèmes basés sur l’IRM offrent donc une plus grande objectivité et une plus grande cohérence dans la classification de l’adénomyose. L’IRM permet de différencier l’anatomie zonale de l’utérus et de visualiser la zone jonctionnelle (ZJ), rendant possible le diagnostic des lésions dans n’importe quelle partie de l’endomètre et du myomètre. Parmi les classifications récentes, la plus complète est le système proposé par Kobayashi et al., qui comprend cinq composantes et les classe comme suit :
Classification de l’adénomyose selon les données de l’IRM (système de Kobayashi, 2020)
Critère | Degré | Description |
---|---|---|
Zone affectée | А | Adénomyose interne, épaisseur de la ZJ > 12 mm |
В | Adénomyose externe, épaisseur de la ZJ < 8 mm | |
Taille de la lésion | A1 ou B1 | < 1/3 de la paroi utérine, généralement focale |
A2 ou B2 | < 2/3 de la paroi utérine, focale ou diffuse | |
A3 ou B3 | > 2/3 de la paroi utérine, généralement diffuse | |
Pathologies combinées | C0-C5 | Aucune C0, endométriose péritonéale C1, endométriome ovarien C2, endométriose infiltrante profonde C3, fibrome utérin C4, autre C5 |
Localisation | D1-D5 | Antérieure D1, postérieure D2, latérale gauche D3, latérale droite D4, fond D5 |
Le score final est ensuite rapporté sous forme de quatre lettres avec les chiffres correspondants conformément aux résultats de l’IRM.
Hystéroscopie
Chez les patientes présentant des saignements utérins anormaux, l’hystéroscopie peut être une méthode diagnostique précieuse qui permet, d’une part, visualiser directement la cavité utérine et, d’autre part, effectuer un prélèvement pour un examen histologique. Bien que l’inspection visuelle ne permette pas de poser un diagnostic, un certain nombre de signes peuvent indiquer la présence d’une adénomyose : une hypervascularisation marquée à la surface de l’endomètre, un endomètre irrégulier avec de petits trous, ce que l’on appelle « aspect en fraise », ainsi que des lésions kystiques fibreuses et/ou hémorragiques. Des informations plus détaillées peuvent être obtenues lors de l’examen histologique après avoir effectué une biopsie par résection à l’anse diathermique.
Manifestations cliniques
Dans un tiers des cas, l’adénomyose est asymptomatique. Les symptômes cliniques les plus fréquents sont la ménorragie (jusqu’à 50 % des patientes), la dysménorrhée, la métrorragie, les saignements utérins anormaux, les douleurs pelviennes chroniques, la dyspareunie et l’infertilité. Le mécanisme exact de la relation entre l’adénomyose et l’infertilité n’est pas toujours clair. Pour le moment, un certain nombre de facteurs ont été proposés, déterminant quatre voies possibles :
- Une anomalie intracavitaire et un péristaltisme accru de l’utérus provoquent une migration anormale des spermatozoïdes. Les distorsions anatomiques intracavitaires, causées par l’hyperpéristaltisme utérin et l’inflammation, peuvent modifier l’axe de la cavité utérine et potentiellement entraver la migration des spermatozoïdes et le transport des embryons. Des ondes anormales de contraction myométriale entraînent un transport anormal des spermatozoïdes à travers la cavité utérine et peuvent également augmenter la pression intra-utérine.
- Un métabolisme stéroïdien anormal dans l’endomètre, une réponse inflammatoire plus importante et un environnement oxydatif intra-utérin accru provoquent une altération de la fonction et de la réceptivité de l’endomètre.
- Les troubles de l’implantation peuvent résulter d’une inflammation, d’une expression inadéquate des molécules d’adhésion (intégrines) ou d’une expression diminuée des marqueurs d’implantation.
- Une endométrite chronique résultant d’une infection microbienne intra-utérine peut être associée à une évolution négative de la fertilité chez les femmes atteintes d’adénomyose.
Il est important de noter que l’endométriose survient dans 54 à 90 % des cas chez les patientes présentant une adénomyose. On ne peut donc pas affirmer que l’infertilité est due à l’adénomyose plutôt qu’à une endométriose concomitante, cette dernière étant une maladie bien connue qui provoque l’infertilité.
Traitement de l’adénomyose utérine
Traitement médicamenteux
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont largement utilisés pour traiter la douleur associée à l’endométriose, mais il n’existe que quelques essais randomisés démontrant l’utilisation des AINS dans le traitement de l’endométriose, et aucun d’entre eux n’a été mené dans le cas de l’adénomyose. Les AINS peuvent avoir des effets négatifs sur la fertilité. Ces médicaments sont capables d’inhiber l’ovulation. Pourtant, certaines données suggèrent que les AINS peuvent être utilisés en tant que co-traitement dans le cadre d’une FIV.
Les contraceptifs oraux combinés sont administrés dans le traitement de l’adénomyose pour réduire les saignements menstruels par la décidualisation et l’atrophie ultérieure de l’endomètre. Chez les patientes souffrant de dysménorrhée et de ménorragie, l’utilisation de contraceptifs oraux réduit le risque de symptômes. Les contraceptifs oraux permettent un contrôle satisfaisant de la douleur à long terme chez deux tiers des femmes atteintes d’endométriose ou d’adénomyose symptomatique. Cependant, il n’existe pas d’informations publiées sur un possible effet positif du traitement par contraceptifs oraux sur la fertilité future.
Les analogues de l’hormone de libération de la gonadotrophine ont été utilisés pour induire un état hypo-œstrogénique permanent chez les femmes atteintes d’une adénomyose histologiquement prouvée. Il existe pourtant peu de données sur leur impact sur la fertilité future. Les études publiées n’ont pas montré d’amélioration de la fertilité après un traitement par analogues de l’hormone de libération de la gonadotrophine en association avec une microchirurgie conservatrice.
Les progestatifs ont un effet antiprolifératif et anti-inflammatoire sur l’adénomyose. Ils se sont révélés partiellement efficaces dans le contrôle des douleurs associées à l’adénomyose. Les progestatifs contribuent à réduire le volume de l’utérus et diminuent le risque de saignements utérins anormaux, mais leur impact sur la fertilité n’est pas suffisamment étudié.
Traitement chirurgical
La résection endomyométriale est efficace et indiquée chez les patientes présentant des lésions limitées à la jonction endomètre-myomètre ; elle constitue le traitement de choix pour les saignements utérins anormaux récurrents. Pourtant, la résection endomyométriale est contre-indiquée chez les femmes qui souhaitent devenir enceintes. La destruction de l’endomètre et de la zone jonctionnelle peut entraîner de graves complications, telles qu’un avortement spontané, un accouchement prématuré ou des anomalies de placentation, chez les femmes qui envisagent une grossesse.
L’embolisation a également été décrite comme un traitement efficace des symptômes résultant de l’adénomyose. Une complication dangereuse de l’embolisation est le développement d’une insuffisance ovarienne prématurée. Cela peut affecter à la fois la production hormonale et la réserve d’ovocytes, entraînant une aménorrhée prématurée et iatrogène ainsi que l’infertilité. La réceptivité endométriale étant réduite après cette intervention, l’embolisation est également contre-indiquée chez les femmes qui envisagent une grossesse ; elle est cependant efficace chez les femmes préménopausées.
Le traitement par ultrasons focalisés de haute intensité (High Intensity Focalised Ultrasounds ou HIFU) utilise l’effet thermique du faisceau ultrasonore pour induire une nécrose de coagulation dans la lésion adénomyosique ciblée. La lésion doit être clairement visible à l’échographie ou à l’IRM afin de permettre un guidage précis des ultrasons. Cela signifie que cette technique ne sera pas efficace pour une forme diffuse d’adénomyose. La période de rééducation après cette procédure est plus courte pour la planification d’une grossesse qu’après un traitement chirurgical, mais la durée exacte n’a pas été établie.
La chirurgie classique, qui consiste à retirer une quantité importante de myomètre présentant des lésions adénomyosiques, peut entraîner une réduction de la couche myométriale de l’utérus avec la formation de cicatrices.
Une autre technique pour traiter les masses focales ou diffuses est l’électrocoagulation. Son principal inconvénient est qu’elle manque de précision par rapport à l’excision chirurgicale ; outre cela, elle ne permet pas d’effectuer un contrôle total sur le déroulement de l’intervention.
L’hystérectomie est l’option ultime pour les patientes qui n’ont pas de projet de grossesse.
FAQ
1. Qu’est-ce que l’adénomyose ?
2. Quelles sont les causes de l’adénomyose ?
3. Quels sont les symptômes de l’adénomyose ?
4. Comment diagnostiquer l’adénomyose ?
5. Quels sont les différents degrés d’adénomyose ?
6. Est-il possible de tomber enceinte en cas d’adénomyose ?
7. Quelle est la différence entre l’adénomyose et l’endométriose ?
8. L’adénomyose en quoi est-elle dangereuse ?
9. À quel stade de l’adénomyose procède-t-on à l’ablation de l’utérus ?
Références
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